Ai-je ma tête bien ficelée, ai-je un foie bien structuré
A-t-on le droit de hurler quand le bonheur est affiché ?
Ai-je une âme bien formatée, des désirs bien calibrés
A-t-on la naïveté de gémir quand le monde lit ses coordonnées ?
Ai-je compris que je me haïssais, ai-je saisi qu’on me bannissait
A-t-on la folie de penser quand des projets sont exécutés ?
Ai-je adopté la bonne religion, des prières d’hypocrites bien publiées
A-t-on l’horreur d’être celui qui se réveille sur le buché ?
Ai-je sermonné qui me nourrissait, ai-je craché sur le ciel qui me protégeait
A-t-on l’illusion de se convaincre que le pardon est semé sur le chemin ?
Ai- je malmené ce qui est en moi, des sphères inconnues bien courroucées
A-t-on le génie de trouver le fouet pour se châtier soi-même ?
Ai-je aimé sans vouloir ma perte, ai-je de lascivité dérobé ce qui me rebutait
A-t-on la misère de longer la déchéance humaine sans être coupable ?
Ai-je invoqué l’inconnu près de ma porte, ai-je refusé que des bras me saisissent ?
A –t-on le supplice de voir s’effondrer ce que l’on n’a jamais fait ?
A –t- on la grâce d’un dernier secours, a-t-on la joie de surprendre l’amour
Ai-je donc la pâleur de ce mort qui renie le pont de la survie ?
A- t- on jamais titubé dans un chemin, a-t-on jamais souhaité le malheur
Ai-je ainsi en une seule destinée, le ramassis de l’obscurité pétrie de prurit ?
Ai-je une seule fois pensé à un seul, ai- je jamais pensé à un seul
A-t-on le désastre de se voir pendue par ses propres aspirations ?
Ai-je seulement pleuré sans désirer un besoin, ai-je entendu le verrou qui annonce
A-t-on l’ignominie de comprendre qu’on est le contraire de la compassion ?
Ai-je une fois posé un pas vers toi, ai-je déstabilisé le socle de ton existence
A- t- on la surprise d’être terrassée par la présence d’un passé qui reste là ?
Ai-je encore blessé d’être convoité, ai-je rompu des sacres sans ma présence
A-t-on la chance de savoir briser ce qui nous fait pleurer trois fois ?
Ai-je omis d’écrire ces mots qui tremblent, ai-je sacrifié le velours de tes lèvres
A-t-on le calvaire d’être celle qui pour l’éternité est blessée,
Ai-je haï cette main dans mon cou, ai-je mordu la poigne qui m’aurait aimé
A-t-on la peur de la terreur de ne plus reconnaître ce qui élève ?
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Veröffentlicht auf e-Stories.de am 16.01.2014. - Infos zum Urheberrecht / Haftungsausschluss (Disclaimer).
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Den Wind jagen: Haiku
von Heike Gewi
Alle Haiku-Gedichte in "Den Wind jagen" von Heike Gewi sind im
Zeitraum von Januar 2008 bis 2012 entstanden und, bis auf einige
Ausnahmen, als Beiträge zur World Kigo Database zu verstehen.
Betreiberin dieser ungewöhnlichen Datenbank ist Frau Gabi Greve.
Mit ihrer Anleitung konnte das Jemen-Saijiki (Yemen-Saijiki)
systematisch nach Jahreszeitworten für Bildungszwecke erstellt
werden. Dieses Jahr, 2013, hat die Autorin die Beiträge ins Deutsche
übersetzt, zusammengefasst und in Buchform gebracht.
Bei den Übersetzungsarbeiten hat die Autorin Einheimische befragt
und dabei kuriose Antworten wie "Blaue Blume – Gelber Vogel."
erhalten. "Den Wind jagen" heißt auch, Dinge zu entdecken, die sich
hoffentlich nie ändern. Ein fast unmögliches Unterfangen und doch
gelingt es diesen Haikus Momente und zeitlose Gedanken
in wenigen Worten einzufangen und nun in dieser Übersetzung auch
für deutschsprachige Leser zugänglich zu machen.
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