La mort et le fermier

Il neige.

Une nappe à damier,
sur une dalle funéraire.

Un dernier dîner,
pour étouffer l’affaire.

Les étoiles sont cachées derrière les nuages.

Une dinde aux marrons,
comme apéritif du champagne.

Un pot plein de lardons,
loin de la ville, on est à la campagne.

Le fermier approche à pas de loup.

Ce soir, la mort est l'hôte,
voilà l’invité qui arrive.

Son manteau il n’ôte,
à cette heure tardive.

La mort fixe son regard sur lui.

Je suis en retard,
s'excuse le fermier.

L'hôte, pas bavard,
l'homme commence à manger.

L'homme était tombé d'une échelle.

La mort attend la fin du repas,
pour l'emmener dans son royaume.

Un dîner, dernier point du contrat,
signé avec du sang de la paume.

L’homme voulait une semaine de vie et un dernier dîner.

Le fermier, pendant ses derniers jours,
réfléchissait sur la mort et le contrat.

Ce dernier voeux serait son secours,
comment, il ne le savait pas.

La mort regarde sur le sablier.

Le fermier mange de bon appétit,
bouffant assiette par assiette.

Les espoirs de la mort sont anéantis,
en voyant disparaître les miettes.

Le fermier commence à s'arrondir.

La mort arrête de remplir les pots à nouveau,
surpris, le fermier le regarde en mâchant.

Le dîner est fini, proclame le bourreau,
le fermier est en état d’épuisement.

Il n’avait rien mangé pendant toute la semaine.

La mort veut emmener son butin,
l’homme ne peut même pas marcher.

Même en employant ses deux mains,
la mort ne peut pas le soulever.

Le fermier se moque de l’homme en noir.

La mort, perdant soudainement tout intérêt,
transforme le fermier en statue.

Si aujourd’hui sur le cimetière vous vous promenez,
adresser-lui un Salut!